sábado, maio 05, 2012

Charlie le Cascade (Carlinhos Cachoeira), o financiador dos furos jornalísticos da revista Veja

Le sénateur Demostenes Torres, entouré de gardes de sécurité, à sa sortie d'une audition devant la commission d'enquête parlementaire, à Brasilia, le 12 avril.

UESLEI MARCELINO/REUTERS

Les Brésiliens assistent à un nouveau feuilleton mêlant corruption et politique

Le travail d'une commission d'enquête parlementaire pourrait peser sur Brasilia
C'est une affaire à donner le tournis, une version grinçante d'un Meccano façon poupées russes dont le gouvernement de la présidente Dilma Rousseff se serait bien passé. Depuis plus d'un mois, il ne s'écoule pas un jour au Brésil sans que les médias et plusieurs responsables politiques du pays dénoncent l'existence d'un réseau de corruption tentaculaire, aux multiples imbrications, impliquant élus locaux ou nationaux, policiers véreux, hommes d'affaires adeptes de pots-de-vin et magistrats aux méthodes douteuses.

L'incendie s'est allumé à la suite de l'arrestation, le 29 février, de Carlos Augusto Ramos, surnommé Carlinhos Cachoeira, " Charlie la cascade ", et patron des jeux illégaux dans l'Etat de Goias. L'homme est une vieille connaissance de la vie politique brésilienne. En 2004, il avait déjà été à l'origine du scandale dit du " mensalao ", qui avait ébranlé pendant plus d'un an le gouvernement et le Parti des travailleurs (PT) du président Luiz Inacio Lula da Silva. Il était alors apparu sur un enregistrement vidéo en train de négocier des commissions et versements occultes avec Waldomiro Diniz, un collaborateur du ministre José Dirceu, bras droit du chef de l'Etat à l'époque. M. Diniz fut limogé. M. Dirceu démissionna. Mais Cachoeira s'en est sorti sans être inquiété.

Aujourd'hui, il est rattrapé par une sombre histoire de machines à sous et de blanchiment d'argent. Une banale enquête qui a ouvert la boîte de Pandore, d'ores et déjà surnommée " Cachoeiragate ". Les enquêteurs ont rassemblés quelque 40 000 pages, plusieurs dizaines d'épais dossiers, plus de 11 000 heures d'enregistrements téléphoniques. Carlinhos Cachoeira y figure au coeur d'un système dans lequel seraient impliqués, selon les premières révélations, pas moins de trois sénateurs, cinq députés fédéraux, quatre entreprises publiques et privées. Plus de 80 collaborateurs de Cachoeira seraient directement visés par la justice. " Si tu ne paies pas tout le monde, - le système - ne marche pas ", aurait habilement résumé, lors d'un coup de fil, un de ses proches.

Créée le 19 avril, une commission d'enquête parlementaire (CPI) chargée spécialement de l'affaire vient de rendre public un premier calendrier des auditions. On évoque un total de 167 demandes de comparution. Un responsable éditorial du magazine conservateur Veja serait dans le collimateur. Carlinhos Cachoeira est attendu le 17 mai.

Demostenes Torres, sénateur de l'opposition réputé incorruptible, viendra s'expliquer deux semaines plus tard. Il est soupçonné d'avoir négocié des contrats de travaux publics en échange de rétrocommissions. Quelque 300 appels téléphoniques avec Cachoeira auraient été interceptés.

Le 29 mai viendra le tour de Claudio Dias de Abreu. Placé en détention, cet ancien responsable de la région du centre-ouest au sein de l'entreprise de construction Delta aurait directement négocié des marchés avec les élus locaux. Quelque neuf Etats seraient concernés.

L'homme aurait prévenu Cachoeira d'éventuelles opérations policières. D'après les révélations de la presse, ce dernier aurait reçu de Delta plusieurs virements douteux de 99 000 reals (39 300 euros) - à partir de 100 000 reals, un virement déclenche automatiquement une enquête du fisc brésilien.

Avec le groupe Delta, l'affaire prend une dimension nouvelle et surtout incontrôlable. Impliquée dans les travaux de rénovation pour la Coupe du monde de 2014, l'entreprise a signé des contrats à hauteur de 358 millions de reals avec Rio de Janeiro et 884,4 millions avec les autorités fédérales.

A la suite du scandale, elle vient de mettre un terme à son activité au stade mythique du Maracana, laissant seuls le géant Odebrecht et la société Andrade Gutierrez pour finir l'ouvrage. D'autres sites pourraient être concernés, ce qui augure de nouveaux retards dans les préparatifs du Mondial.

Aujourd'hui écarté de Delta, le président Fernando Cavendish pourrait être entendu à son tour par la CPI. L'homme, qui a dirigé pendant vingt-deux ans l'entreprise, est un proche de Sergio Cabral, le gouverneur de l'Etat de Rio de Janeiro et membre influent du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB, centre), un des piliers de la coalition gouvernementale. Des photos montrant les deux hommes en voyage d'affaires à Paris ont été publiées, jeudi 3 mai, dans les principaux médias. Des clichés transmis par Anthony Garotinho, député de l'opposition et lui-même ancien gouverneur démis de ses fonctions en 2002 pour une histoire de corruption.

Alors que le gouvernement avait applaudi des deux mains la création de la CPI, avec même une intervention remarquée de Lula, il semble que Dilma Rousseff et ses alliés aient adopté un profil plus bas à l'égard de cette affaire.

Toujours au sommet des sondages, grâce notamment à sa fermeté affichée face aux ministres soupçonnés de corruption, la présidente pourrait voir d'un très mauvais oeil une enquête venir perturber un agenda politique chargé et menacer une coalition gouvernementale déjà bien fragile.
Nicolas Bourcier

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